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amitié

  • Le téléphone coréen (Episode 5)

    Mon amie coréenne est la seule que je fréquente. Pourquoi? Alors que je vous ai fait tout un chapitre sur mon intolérance sur les asiats ? Tout simplement, parce que notre rencontre n’était pas hasardeuse : j’étais une réponse à ses prières. Aussi curieux que cela puisse paraître, H priait depuis un moment pour rencontrer, une adoptée coréenne, française et chrétienne. C’est ainsi que je me suis retrouvée assise à ses côtés, un jour lors d’une étude biblique. Elle m’aima tout de suite, et je vous avoue sincèrement qu’il me fallut beaucoup de temps pour accepter sa gentillesse, sa douceur, presque de trop pour moi… Du stade profondément agacée, de sa prévenance coréenne, je finis par me lier véritablement d’amitié avec elle. 2 ans s’écoulèrent et H m’aida précieusement dans ces retrouvailles !Non ce n'était par hasard si le fil de nos vies se tissait.

    H appela donc le numéro coréen qui était indiqué dans l’email et fut mon interprète personnelle. Il était 22h en France et 6h du matin au pays du matin calme. La barrière des langues passée, les morceaux du puzzle commençaient à se rassembler. Ce qui me frappa le plus en écoutant la sonnerie dans l’écouteur, c’est que c’était un chant coréen... c’était une louange. Je souris aux explications de H.

    Enfin on décrocha, et commença une conversation qui me sembla interminable. Vous vous imaginez bien que je ne comprenais rien mise à part : «  Ah !!! … Hum Hum… Ah !!! » Je fus projetée d’un seul coup dans un de mes films préférés d’art martiaux avec des prononciations indescriptibles à l’écrit.  Vous savez ceux où ils disent des phrases interminables pour être finalement traduites par deux mots….Je patentais sagement, intriguée, il faut bien l'avouer.H devait prendre des notes en coréen pour ne rien oublier de ce qui se disait. Parfois, elle posait le téléphone et me faisait gentiment la traduction.

    Mon père biologique s’était remarié en 2000, et c’est ma belle-mère qui parla le plus à H. Il répéta longuement que je devais savoir que je n’avais pas été abandonnée. Il avait pensé à moi chaque jour de sa vie et son plus grand regret était de s’être séparé de son petit bébé. Son épouse avait rencontré un homme de foi, certes mais brisé par la douleur. Il ne s’était jamais remis de cette séparation, et je compris rapidement que le cancer était lié à l’alcoolisme.  

    Et puis H me surprit en me disant toute excitée : « Ton Papa ! I dit …I dit … qu’il veut …entendre toi…Ouioui, en-ten-dre ta voix… ! » Ah bon?!? Mais je n'ai rien à lui dire moi! Mon cœur se serre chaque fois qu’on parle de mon père biologique, comme mon papa, car je fais bien la différence entre les 2, papas. Ce n’est pas une question de terminologie mais d’identité profonde. Emportée dans le tourbillon des émotions, je pris le combiné et je dis simplement « Allo ? » un silence fut la réponse que j’eus en retour, et je me sentis ridicule. Mais je suppose que ce qui représentait peu chez moi, était sans doute énorme pour lui.

    Mes émotions furent différentes pour mes sœurs que nous réveillâmes également.