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  • Rencontres en photo (Episode 7)

    C’est ainsi que commença une correspondance entre ma sœur et moi. Elle se rappela qu’elle avait commencé à apprendre l’anglais avec son père à l’âge de 8 ou 9 ans. « Tu sais pourquoi tu dois apprendre l’anglais ? Parce qu’un jour tu rencontreras ta petite sœur qui est en France et tu lui parleras en anglais à ma place. » Aujourd’hui elle se rappelait ses paroles et ne pensait pas qu’elle aurait utilisé l’anglais dans les circonstances qu’il avait décrites. 

    Je n’avais pas de grand frère, mais quand même j’avais 2 sœurs, dont une qui étais ma S-O-E-U-R !!!!! Je souriais aux anges à cette idée nouvelle et déjà tellement vécue.

    OK, on n’a pas grandi ensemble,  mais il me fut facile de l’intégrer comme ma vraie sœur. C’est comme une amie, que j’adopte dans mon univers familial. Ce sont mes africains qui m’ont appris cette notion de famille élargie. Chose que nous ne faisons pas chez les européens. Un ami devient un cousin. Les parents de tes amis, deviennent par respect comme tes parents, par là même, on devient leurs enfants. Du coup, j’ai déjà pas mal de frères et sœurs, de neveux et de nièces que je considère  comme mes enfants. Aussi la famille s’élargit à la famille coréenne. Aucun problème !

    Très rapidement, on s’envoya des photos. La ressemblance avec elle, était frappante. Ma sœur est tout simplement « ma-gni-fique », paraissant beaucoup plus jeune que moi !! Et en plus d’après les T-shirts, elle est sport-swear, très très trendy.  Je reçus pour Noël, les photos qu’elle gardait dans son sac, et je découvris sur mon écran d’ordi, ma mère biologique. Oui, je lui ressemblais bien. Ma sœur aînée m’envoya des photos de son mari, de ses 2 garçons et elle aussi fit de grands efforts pour m’écrire en anglais. J’ai parfois essayé de les appeler mais sans doute à cause de l’accent, je finis par opter par le tchat. Ma sœur rentra en Corée, je ne sus que plus tard les raisons qui la motivèrent après 6 ans passés au Cambodge.Les médecins disaient que « le papa » n’en aurait plus pour longtemps. Elle s’installa avec son fiancé provisoirement chez notre sœur aînée.

    A suivre...

  • Mes soeurs (Episode 6)

    On a d’abord réveillé ma sœur aînée, dont la maman était décédée aussi. Je sus seulement que ce fut le premier mariage de mon père biologique, et que c’était arrangé. Je ne me souviens plus exactement comment elle réagit mais elle fut émue, très émue. Elle avait aussi attendu ce moment depuis longtemps.

    Puis on appela mon autre sœur qui habitait au Cambodge. Elle pleurait au téléphone, et disait : «  c’est ma sœur, c’est ma sœur ! » Je voulus lui parler mais trop intimidée ou impressionnée, sur le moment, elle ne put prononcer une parole également. Par texto, je lui envoyai mon email et le surlendemain, je reçus un courrier empreint d’émotions. Le titre de l’email était prometteur : « Hello my sister ! » Elle exprima sa surprise et expliqua qu’elle était bouleversée par les événements. Je ne pouvais pas lui en vouloir.

    Ce que je n’avais presque jamais cherché, venait à moi, alors qu’elle m’expliqua que son père, soit le nôtre, avait toujours eu le cœur brisé à cause de moi. Elle avait 2 ans, lorsque les événements arrivèrent. Elle ne se souvenait ni de notre mère, ni de moi. Je fus extrêmement touchée lorsque je lus qu’elle avait reçu en cadeau pour ses 25 ans, une photo de sa mère, soit la nôtre, âgée de 20 ans environ, et une de moi, bébé, avant que je ne parte pour la France. Elle gardait apparemment précieusement ces photos dans son sac. « Et parfois, je vous regarde, toi et maman… » Elle concluait en me posant toute une série de questions sur les raisons qui m’avaient poussé à les contacter enfin…si j’étais mariée, si j’avais des enfants. Elle s’excusait de non niveau d’anglais que je trouvais très correct, et qui me permettait de la lire. Elle m’appelait par mon prénom coréen et disait que je lui manquais. Enfin, elle acheva l’email en me demandant une photo.

    A suivre

  • Le téléphone coréen (Episode 5)

    Mon amie coréenne est la seule que je fréquente. Pourquoi? Alors que je vous ai fait tout un chapitre sur mon intolérance sur les asiats ? Tout simplement, parce que notre rencontre n’était pas hasardeuse : j’étais une réponse à ses prières. Aussi curieux que cela puisse paraître, H priait depuis un moment pour rencontrer, une adoptée coréenne, française et chrétienne. C’est ainsi que je me suis retrouvée assise à ses côtés, un jour lors d’une étude biblique. Elle m’aima tout de suite, et je vous avoue sincèrement qu’il me fallut beaucoup de temps pour accepter sa gentillesse, sa douceur, presque de trop pour moi… Du stade profondément agacée, de sa prévenance coréenne, je finis par me lier véritablement d’amitié avec elle. 2 ans s’écoulèrent et H m’aida précieusement dans ces retrouvailles !Non ce n'était par hasard si le fil de nos vies se tissait.

    H appela donc le numéro coréen qui était indiqué dans l’email et fut mon interprète personnelle. Il était 22h en France et 6h du matin au pays du matin calme. La barrière des langues passée, les morceaux du puzzle commençaient à se rassembler. Ce qui me frappa le plus en écoutant la sonnerie dans l’écouteur, c’est que c’était un chant coréen... c’était une louange. Je souris aux explications de H.

    Enfin on décrocha, et commença une conversation qui me sembla interminable. Vous vous imaginez bien que je ne comprenais rien mise à part : «  Ah !!! … Hum Hum… Ah !!! » Je fus projetée d’un seul coup dans un de mes films préférés d’art martiaux avec des prononciations indescriptibles à l’écrit.  Vous savez ceux où ils disent des phrases interminables pour être finalement traduites par deux mots….Je patentais sagement, intriguée, il faut bien l'avouer.H devait prendre des notes en coréen pour ne rien oublier de ce qui se disait. Parfois, elle posait le téléphone et me faisait gentiment la traduction.

    Mon père biologique s’était remarié en 2000, et c’est ma belle-mère qui parla le plus à H. Il répéta longuement que je devais savoir que je n’avais pas été abandonnée. Il avait pensé à moi chaque jour de sa vie et son plus grand regret était de s’être séparé de son petit bébé. Son épouse avait rencontré un homme de foi, certes mais brisé par la douleur. Il ne s’était jamais remis de cette séparation, et je compris rapidement que le cancer était lié à l’alcoolisme.  

    Et puis H me surprit en me disant toute excitée : « Ton Papa ! I dit …I dit … qu’il veut …entendre toi…Ouioui, en-ten-dre ta voix… ! » Ah bon?!? Mais je n'ai rien à lui dire moi! Mon cœur se serre chaque fois qu’on parle de mon père biologique, comme mon papa, car je fais bien la différence entre les 2, papas. Ce n’est pas une question de terminologie mais d’identité profonde. Emportée dans le tourbillon des émotions, je pris le combiné et je dis simplement « Allo ? » un silence fut la réponse que j’eus en retour, et je me sentis ridicule. Mais je suppose que ce qui représentait peu chez moi, était sans doute énorme pour lui.

    Mes émotions furent différentes pour mes sœurs que nous réveillâmes également.