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FAMILLE - Page 4

  • Le téléphone coréen (Episode 5)

    Mon amie coréenne est la seule que je fréquente. Pourquoi? Alors que je vous ai fait tout un chapitre sur mon intolérance sur les asiats ? Tout simplement, parce que notre rencontre n’était pas hasardeuse : j’étais une réponse à ses prières. Aussi curieux que cela puisse paraître, H priait depuis un moment pour rencontrer, une adoptée coréenne, française et chrétienne. C’est ainsi que je me suis retrouvée assise à ses côtés, un jour lors d’une étude biblique. Elle m’aima tout de suite, et je vous avoue sincèrement qu’il me fallut beaucoup de temps pour accepter sa gentillesse, sa douceur, presque de trop pour moi… Du stade profondément agacée, de sa prévenance coréenne, je finis par me lier véritablement d’amitié avec elle. 2 ans s’écoulèrent et H m’aida précieusement dans ces retrouvailles !Non ce n'était par hasard si le fil de nos vies se tissait.

    H appela donc le numéro coréen qui était indiqué dans l’email et fut mon interprète personnelle. Il était 22h en France et 6h du matin au pays du matin calme. La barrière des langues passée, les morceaux du puzzle commençaient à se rassembler. Ce qui me frappa le plus en écoutant la sonnerie dans l’écouteur, c’est que c’était un chant coréen... c’était une louange. Je souris aux explications de H.

    Enfin on décrocha, et commença une conversation qui me sembla interminable. Vous vous imaginez bien que je ne comprenais rien mise à part : «  Ah !!! … Hum Hum… Ah !!! » Je fus projetée d’un seul coup dans un de mes films préférés d’art martiaux avec des prononciations indescriptibles à l’écrit.  Vous savez ceux où ils disent des phrases interminables pour être finalement traduites par deux mots….Je patentais sagement, intriguée, il faut bien l'avouer.H devait prendre des notes en coréen pour ne rien oublier de ce qui se disait. Parfois, elle posait le téléphone et me faisait gentiment la traduction.

    Mon père biologique s’était remarié en 2000, et c’est ma belle-mère qui parla le plus à H. Il répéta longuement que je devais savoir que je n’avais pas été abandonnée. Il avait pensé à moi chaque jour de sa vie et son plus grand regret était de s’être séparé de son petit bébé. Son épouse avait rencontré un homme de foi, certes mais brisé par la douleur. Il ne s’était jamais remis de cette séparation, et je compris rapidement que le cancer était lié à l’alcoolisme.  

    Et puis H me surprit en me disant toute excitée : « Ton Papa ! I dit …I dit … qu’il veut …entendre toi…Ouioui, en-ten-dre ta voix… ! » Ah bon?!? Mais je n'ai rien à lui dire moi! Mon cœur se serre chaque fois qu’on parle de mon père biologique, comme mon papa, car je fais bien la différence entre les 2, papas. Ce n’est pas une question de terminologie mais d’identité profonde. Emportée dans le tourbillon des émotions, je pris le combiné et je dis simplement « Allo ? » un silence fut la réponse que j’eus en retour, et je me sentis ridicule. Mais je suppose que ce qui représentait peu chez moi, était sans doute énorme pour lui.

    Mes émotions furent différentes pour mes sœurs que nous réveillâmes également.

  • Quand on n'a que l'amour...(Episode 3)

    Quand vous recevez une nouvelle comme celle-ci vous prenez le temps de refermer votre bouche, pour réaliser que vous ne rêvez pas… Vous regardez votre collègue qui vous taquine en vous disant que vu votre tête, vous êtes obligée de lui montrer l’email. Vous courrez voir votre amie confidente au travail, et lorsque vous voyez qu’elle a la chair de poule, les larmes aux yeux…Là seulement, vous réalisez que ce moment n’est pas un moment comme les autres.Et vos repères se brouillent, ceux qui jalonnent votre vie.

    "Quand j’étais petite je disais à tout le monde que je venais de la Corée, où on « mange du riz et du poisson schésché ». Je ne savais pas grand-chose de ce pays, je m’y intéressais peu voire pas du tout.

    Quand j’avais 10 ans, je cachais mes yeux derrière des lunettes noires pour ne pas qu’on reconnaisse que j’étais asiatique. Si j’aimais m’habiller parfois en col mao et en robe chinoise, c’était pour cultiver ma différence physique. Mais je me suis toujours sentie mal à l’aise avec la communauté asiatique. Tout le monde sait que je ne supporte pas l’accent asiat et encore moins les asiatiques qui ne sont pas européanisés. Je sais c’est du racisme à l’envers…Je fais des efforts aujourd'hui...

    Quand nous nous promenons avec mes parents, je suis toujours étonnée de voir les gens se retourner quand j'interpelle mes parents. Evidemment on se ressemble pas. Avant j'oubliais de dire que j'étais adoptée et peu de personnes pouvaient le déceler.

    Quand je me demande si je suis coréenne j'ai envie de répondre: pas plus que si j'étais ***suédoise. Par contre, si vous me demandez si je suis africaine, pas de problème, je réponds présente!!!!"

    Alors ....

    Quand j'ai voulu parler à mes parents,  je voulais leur expliquer simplement que ça ne changerait rien à ma façon d’être, que je continuerais de les aimer de toutes les façons. Mais comment peut-on réagir sereinement quand on ne s’est jamais préparé à ce qu’un jour, cet enfant que vous avez élevé à travers les larmes et l’amour, se révèle être en réalité l’enfant également de quelqu’un d’autre ?

    A suivre...

  • C'est par sa grâce que je m'envole....(Episode 1)

     ... au pays du matin calme! Dans exactement 10 jours, je serai dans l'avion entrain de me demander si je rêve ou si je vais réellement atterrir à Séoul.En attendant je suis encore à Paris, à rassembler mes idées, mon souffle, mon énergie pour préparer ce voyage inattendu.

    C'est très personnel d'écrire un blog sur la préparation d'un voyage pour retourner dans le pays où on est né et surtout pour rencontrer sa famille biologique. Mais je me suis dit, que cette expérience pourrait profiter aussi bien à des adoptés ou non, corééns ou non.Alors voici mon histoire...

    Moi,  je vais avoir 32 ans et j'ai vécu pendant presque 30 ans sans avoir le besoin de rechercher mes origines. Je n'ai jamais, au grand jamais cherché à savoir les raisons d'un éventuel abandon, dans la mesure où je ne me suis jamais sentie abandonnée.J'ai grandi avec un papa et une maman qui m'aiment de tout leur coeur. Mes parents sont mes parents et je n'appellerai jamais personne d'autre Papa et Maman, que ceux qui m'ont élévé. J'ai beaucoup d'amour et énormément de respect pour eux.

    Fille unique, j' ai cepndant toujours espéré avoir quelque part des frères et soeurs, notamment un grand frère, cela m'a beaucoup manqué. Bizarrement je ne ressentais pas le besoin de connaître l'histoire de mes parents biologiques.

    Et pourtant en juin 2005, par un pur hasard, j'ai rencontré une jeune coréenne adoptée dans ma société. Elle avait le même âge que moi et était arrivée en France, la même année que moi en 1976. Un lien éphémère se créa, mais on se comprit rapidement. On sympathisa vite et elle me parla de ses recherches, et des déclics inconscients qui semblent se mettre en place lors de la démarche.

    Malgré une certaine réticence, mes 30 ans approchant à grands pas, je décidai alors de faire mes petites recherches sur Internet...

    Je trouvais un site qui indiquait une adresse hotmail où il suffisait d'envoyer une lettre de motivation en anglais, avec mes coordonées, les raisons de mes recherches, le nom coréen, le numéro de matricule, et la date ainsi que le lieu de naissance.

    Sans aucune conviction de recevoir une réponse, je postais alors mon email, ne pensant aucunement avoir une réponse 5 jours plus tard.

    A suivre...